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L’émail et l’art horloger à Genève

“Visitez le quartier de Saint Gervais, toute l’horlogerie d’Europe y est rassemblée”

J.J. Rousseau 1712-1778





Au XVe siècle, les orfèvres genevois pratiquent déjà l’art de l’émail, notamment sur les bijoux.

La peinture sur émail serait attribuée à l’orfèvre français Jean Toutin (1578-1641)

Elle est développée jusqu’à un niveau d’exception à Genève grâce à Jean Petitot et Pierre Bordier, son Maître. Grâce à la bijouterie et à l’horlogerie auxquelles il est désormais étroitement associé, l’émail va s’assurer une réputation toujours présente aujourd’hui.

Les Huguenots, réformateurs de l’Eglise en Europe, sont des travailleurs visionnaires, dotés du sens des affaires et respectueux de la connaissance. Forcés de quitter leur patrie et leurs racines pour des raisons religieuses ils sont très motivés et entreprenants. Ils sont nombreux à devenir des artisans exceptionnels.

Ces qualités les rendent bien impopulaires auprès de la population catholique. La discrimination s’étend, Jean Calvin quitte Paris et s’installe à Genève en 1541.

Genève, citadelle de la réforme calviniste, reçoit beaucoup de réfugiés.

Elle bénéficiera ainsi de l’arrivée de nombreux tiers et horlogers et se développera en tant que capitale de l’horlogerie.

Le premier horloger français, Thomas Bayard, s’installe à Genève en 1554 sous la dénomination d’orfèvre et « orologeur »

Dès 1558, les ordonnances somptuaires (limitation du port des bijoux, des parures, etc…) jugulent le marché local. Aussi les artisans se tournent-ils vers le travail de la boîte de montre, exerçant leurs dons en tant qu’émailleurs, graveurs, orfèvres…

La collaboration entre horlogers et orfèvres est à l’origine de la Fabrique, nom désignant l’ensemble des arts et métiers concourant à la fabrication des montres et bijoux à Genève.

Jean Petitot est né à Genève en 1607. Il fait son apprentissage chez Pierre Bordier, bijoutier et orfèvre. Ensemble, ils sont initiés à la peinture sur émail par Jean Toutin,

grand orfèvre et émailleur français

Ils ouvrent un atelier à Londres puis Petitot finit par s’installer à Paris.

Huguenot, (protestant français), il en sera chassé lors de la révocation de l’Edit de Nantes. Il s’installera à Genève, comme de nombreux bijoutiers et horlogers français.

Jean Petitot et Pierre Huaud firent alors connaître la peinture sur émail à l’Europe entière. Ces artistes ont développé la peinture sur émail et ont rapidement acquis une réputation jusqu’en Perse, en Chine et en Amérique.


« Visitez le quartier de Saint Gervais, toute l’horlogerie d’Europe y est rassemblée »

(J.J. Rousseau 1712-1778)



Le patronyme le plus connu à Genève est certainement celui de Rousseau. Didier Rousseau, horloger réfugié à Genève en 1549 était un ancêtre de Jean-Jacques.

« Nous avons la Fabrique d’horlogerie la plus complète qui existe,(…), la ville entière lui sert d’atelier. Les horlogers de Genève travaillent en hommes libres. Ils sont tous plus ou moins artistes. » (Témoignage de cabinotiers genevois en 1798).

Les émailleurs améliorent et affinent leur technique, le goût évolue. Ils pensent alors à recouvrir leur travail d’une couche d’émail transparent, le fondant, qui embellit et protège le décor.

La peinture miniature s’affine, s’enseigne et se distingue sous le terme d’Email de Genève. Cette méthode particulière se distingue par la couche d’émail transparent recouvrant la peinture miniature, le Fondant de finition.

La Fabrique devient la première source d’emplois à Genève. A l’époque elle faisait vivre près de 20'000 personnes.

Les ouvriers de la Fabrique sont appelés « cabinotiers », en référence aux ateliers installés sous le faîte des maisons étroitement accolées les unes aux autres du quartier de Saint Gervais, où se concentrait l’activité des horlogers.

En 1789 on comptait à Genève 77 peintres sur émail. L’âge d’or de l’émaillerie genevoise se prolonge jusqu’au XX ème siècle.


« L’émail est comme la miniature, un art tout intime »

(Karl Robert, 1892)


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